Un partenariat qui apporte un vent de fraîcheur aux distributeurs ? Ford a signé un accord industriel majeur avec Renault le 9 décembre 2025. La marque américaine compte s’appuyer sur le site de Douai (59) du groupe au losange pour produire deux nouveaux modèles électriques prévus pour 2028.
deux produits basés sur la plateforme Ampere pour la production de véhicules du Segment B. Une annonce qui se présente comme une bonne nouvelle pour des distributeurs qui ont pu entendre des rumeurs d’un abandon du marché européen par la marque.
“Depuis le temps que certains journalistes écrivent que Ford va quitter l’Europe, ils ont la confirmation qu’ils écrivent des bêtises“, ironise Gérald Richard, président du groupe Amplitude, qui a réalisé un volume de 2 660 ventes Ford en France en 2024 et qui figure dans le top 10 des distributeurs de la marque américaine dans l’Hexagone.
“Cette nouvelle est très positive et nous avons la certitude que Ford a une réelle stratégie en Europe sur le VP. C’est une très bonne nouvelle pour le réseau de distribution“, se rassure-t-il.
Un moyen pour les distributeurs Ford de renouer avec le volume ?
Hors utilitaires, la gamme de véhicules particuliers Ford reste plutôt faible. Depuis début 2025, ses immatriculations ont chuté de 15,3 %, à 34 037 unités, ce qui représente une part de marché de 2,2 %. L’essentiel de son volume sur le marché est porté par deux modèles : la Puma et le Kuga, respectivement à 14 963 et 10 854 véhicules mis à la route.
“Nous avons perdu quand même beaucoup de modèles de Segment B et la France est un pays qui le chérit beaucoup. Le fait de ne pas avoir beaucoup de véhicules, malgré de beaux et jolis SUV dans la gamme Ford, ça nous pénalise en matière de volumétrie“, observe Gérald Richard, qui se réjouit de l’annonce pour retrouver des volumes corrects.
“Aujourd’hui, nous ne fonctionnons qu’avec le Puma et le Kuga et, en ce qui concerne les petites voitures, nous avons un vrai trou dans la gamme. Donc l’arrivée de ces citadines va nous faire beaucoup de bien. Nous avons perdu entre 1 et 1,5 point de part de marché Ford au niveau national du fait de cette gamme réduite“, renchérit François-Xavier Thivolle, président du groupe de distribution éponyme.
Selon le dirigeant du groupe, qui a vendu 617 véhicules Ford en 2024, deux nouveaux modèles de Segment B auront également un impact positif sur le marché de l’occasion. “Ne plus avoir de petites voitures, c’est ne plus avoir de petits prix, et c’est compliqué dans le contexte économique actuel“, ajoute-t-il.
“La «mauvaise nouvelle», c’est que les modèles mettront du temps à arriver. Ford a besoin de ça pour continuer à survivre en Europe. Ce partenariat permet à Renault d’écraser un peu ses coûts et à Ford d’avoir un véhicule parfaitement adapté à l’usage européen“, affirme François-Xavier Thivolle, qui distribue à la fois la marque au losange et celle du constructeur américain.
Un effet d’annonce ?
De son côté, Jean-Pierre Rinaudo est aussi très positif concernant le partenariat des deux constructeurs. “C’est plutôt une très bonne nouvelle, puisqu’il y a deux mois, le constructeur expliquait qu’il souhaitait vendre de grosses voitures électriques et des utilitaires. Les petites voitures ne l’intéressaient plus car les marges n’étaient pas suffisantes. Là, il effectue un virage à plus de 180 degrés et je ne vois pas ce qu’il peut y avoir de négatif“, affirme-t-il.
Toutefois, le directeur général du groupe de distribution Vulcain reste dans l’expectative. “Ça fait longtemps que je suis dans l’automobile et les effets d’annonce, je m’en méfie un peu. Des mariages qui se font et se défont… j’en ai vu“, prévient-il.
“Est-ce qu’en France, la chasse gardée de Renault, Ford va venir tailler les croupières pour vendre les mêmes voitures ou quasiment ? L’expérience a prouvé que le constructeur local était un peu plus privilégié et frileux pour donner des autos. Mais, comme ils partent de zéro, ce ne sera que bénéfique pour Ford“, explique Jean-Pierre Rinaudo.
Une motorisation qui fait grincer des dents
Si globalement le partenariat entre Renault et Ford semble faire l’unanimité, certains distributeurs paraissent plus mitigés. “Au risque de briser l’enthousiasme ambiant, je suis déçu que l’annonce ne concerne que des véhicules 100 % électriques. Or, ce n’est pas ce dont a besoin Ford en Europe“, se désole le directeur d’un groupe de distribution qui souhaite garder l’anonymat.
“Nous avons surtout besoin de véhicules hybrides. Quand nous regardons les marques qui fonctionnent en France, ce sont celles qui ont une gamme hybride développée. La tendance n’est pas franchement au tout électrique“, affirme le dirigeant, qui travaille avec le constructeur américain de longue date.
“Avec tous les acteurs chinois qui arrivent massivement en Europe et les constructeurs généralistes qui proposent de nombreux modèles à batterie, la part de marché des véhicules électriques sur le Vieux Continent atteint seulement 16,4 %”, déplore le distributeur face à la doctrine automobile adoptée par l’Union européenne.
Automobile Magazine-France




































































































